Un Pas après l'Autre (orteils en vadrouille)

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Tag - les sœurs de Mère Thérésa

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samedi 4 septembre 2010

Namaste ! (15 juillet)

Quel joli mot que ce « namaste » qui résonne comme un chant, s'accompagne d'un sourire et d'une joyeuse révérence aux mains jointes. Je ne me lasse pas de le répéter et de l'entendre. La communication verbal étant très limitée avec les népalais non anglophone, nous y mettons donc beaucoup de sens.

Jeremy et moi continuons doucement à nous fondre dans la culture népalaise et nous nous y plaisons! Nos journées sont sensiblement les mêmes, répétitives et uniques à la fois!

Jeremy passe la plus grande partie de ses journées à la clinique. Je ne vais pas m'étaler sur ses activités vu que vous avez accès à ses « chroniques népalaises » dans lesquelles vous aurez toutes ses réflexions !


Quant à moi, je passe actuellement par toutes sorte de questionnements...


Pour commencer, beaucoup de remises en question et de doutes sur l'utilité de mon travail chez les soeurs. Jusqu'ici, j'y allais tous les matins sauf le jeudi. Mais en 6 semaines j'ai cette grande impression de stagner. En effet, peu d'échange chez les soeurs avec un roulement de volontaires quasi-constant qui empêche la mise en place de projet ou tout au moins d'une certaine organisation, des habitudes qui semblent encrées et des pratiques qui me troublent sans que je puisse m'exprimer dessus avec qui que ce soit sur place...En plus de cela, je me sent très frustrée dans mon rôle d'infirmière car je suis rarement associée pour tout ce qui concerne les soins de plaies ou les médicaments...

Bref face à ces observations, Jeremy me donne l'idée de proposer des séances de formations en coopération avec la clinique Sheshen : des aides-soignantes viendraient former Sabina, l'unique employée, et l'on pourrait aussi donner une petite formation en soins infirmier au soeurs (gestion des traitements, soin des plaies, règles d'hygiène) car bien souvent elles apprennent sur le tas....

J'en parle avec Dany, la manager de la clinique, qui trouve l'idée pas mauvaise du tout. Nous pensons même à trouver l'argent pour investir dans une machine à laver ce qui laisserai plus de temps aux soeurs de prendre soin et d'améliorer le confort des résidents.

Il me reste à convaincre la soeur....Malheureusement là, je fait fasse un mur. Les machines à laver sont interdites chez les soeurs, beaucoup leur ont déjà proposer mais elles ont pas le droit. Pourquoi? Je ne comprend pas très bien ses explications. Quand à une éventuelle coopération avec la clinique Sheschen, ça n'est pas possible.

Voilà.

Je me sens envahie de colère et de tristesse.


Que faire, je ne sais pas encore. Aller voire la supérieur? La soeur à qui je parle me dit que la supérieur tout comme elle ne peut accepter mon idée....

Depuis, j'ai ralenti le rythme, je ne suis pas là pour faire la lessive alors qu'on pourrai s'en passer. Je suis là pour les gens eux mêmes...

Évidemment tout cela fait réfléchir sur l'idée que l'on peut avoir de l'humanitaire! Et bien trop souvent on vient avec l'idée d'être utile. Idée qu'il me faut oublier dès à présent.

Certes nous pouvons apporter quelques chose si l'occasion se présente à nous mais surtout ne pas chercher à se rendre utile coût que coût! Voilà ma nouvelle découverte! Désormais je vais apprendre à travailler sans but précis, sans mission particulière mais juste travailler pour le moment présent. Voire et vivre l'intensité d'un regard, d'une caresse ou d'un sourire. J'adore les moments où pour me remercier d'un aide quelconque, on me prend les mains et les portent à son front. C'est comme un sorte de bénédiction, ça dure 3 secondes mais là est le véritable échange!

Ainsi, je me suis mis à la recherche de ses moments là et bien que parfois ce ne soit pas facile car on est tentée de regardé vers le futur, vers le « et après », j'y retrouve la raison de ma présence ici.


En parallèle, je continue mes activités à la clinique Sheschen où pour le coup je me fait toujours plaisir. J'ai juste du ralentir le rythme car 3 après midi par semaine ne me laissait pas vraiment le temps de bien préparer mes activités et j'avais aussi peur de lasser les patients qui sont déjà bien souvent fatigués par la maladie. Néanmoins, ils sont toujours intéressés et curieux de ce que je ramène. Je leurs ai fait découvrir les petits sablés que nous avons cuisiné ensemble , nous avons décoré le tableau du dieu Shiva à l'aide de guirlande de fleurs, nous avons peint des pot de verre pour en faire des lampions ou des vases etc....


Enfin, tout cela ne nous empêche pas de prendre aussi du bon temps! Nous rencontrons beaucoup de monde, touriste comme népalais ! Invités un peu partout, nous découvrons les us et coutumes du pays, et apprenons à cuisiner les spécialités du coin: momo, samosas, chapatis....

Nous somme aussi partis samedi dernier pour Kakani, un village qui se trouve à une trentaine de km de kathmandou. Nous sommes partis avec Dany et Passang, un de ses amis sherpas (On appelle Sherpa, le peuple qui vit dans les montagnes et dont la culture est plus tibétaine que népalaise). Partis à 2 heure de l'après midi, nous arrivons après 3 heures de Bus et 1 heure de marche au fameux village. La déception nous y attend. Nous arrivons sous la pluie, les maisons sont délabrées, et sans charme! En plus, une bande de jeunes est venu pic-niquer, prenant toutes les places dans les hôtels, salissant tout sur leur passage et roulant à fond avec leur motos...Nous qui cherchions le calme, l'air pur des montagnes, voilà qui nous fait un peu râler!

Après avoir fait tous les hôtels, nous décidons pour le « moins pire »! Finalement, nous seront récompensé, car le lendemain matin, le réveil sur les montagnes est d'une grande beauté. Bien que la saison ne nous permette pas d'apercevoir les chaine de l'Himmaya, nous dominons une mer de nuage qui nous laisse émerveillés! Nous revenons à pied en traversant le parc national Shivapuri. Grâce à Passang, un vrai sherpa (guide dans l'âme), nous ne nous perdons pas dans cette véritable jungle. Le soleil est au rendez-vous et la ballade de 3 heures est un vrai bonheur! Un seul point noir: les sangsues !
La mer de nuage au petit matin La mer de nuages au petit matin

Randonnée dans le parc Shivapuri Randonnée dans le parc Shivapuri

Nous avons de nouveaux colocataires avec qui nous nous entendons très bien: Shay et Shirine sont tout 2 irlandais, elle travaille en tant que volontaire dans l'association française Pomme-Cannelle qui s'occupe des enfants des rues, elle est adepte de yoga et très intéressée par l'enseignement bouddhiste, lui est un passionné de l'agriculture, il fait donc des séjours dans les fermes alentours, sélectionnant les fermes « bio » afin d'aider mais aussi apprendre les techniques du coin.


Et pour terminer, un petit récit sur ma ballade quotidienne vers Pashupadinath, ballade qui ne manque pas de charme!

Le chemin de Pashupadinath


C'est après un super petit déjeuner composé de délicieux fruits de saison, que j'enchaine avec ma marche quotidienne de 40 minutes vers Pashupadinath. A 8 heure, la ville est déjà réveillée depuis longtemps, les marchands ont ouvert leur petite boutique sombre et pleine de bric à brac divers et variés, les mendiants dont les visages commencent à m'être familier sont là au rendez-vous. Un moine bouddhiste assis en tailleur non loin de la stupa récite d'une voie monotone et continue des prières sans fin.

Après être sortie de Boudhanth, je traverse la grande route à mes risques et périls, et prends un chemin de terre qui traverse la banlieue de Kathmandou et me mène à Pashupadinath.

Sur ce chemin, taudis et belles maisons se côtoient. Je suis sur un bout de chemin les enfants en uniforme qui se dirigent vers l'école, je répond aux « hello » des petits bout de choux au joues sales et aux cheveux ébouriffés qui se cachent derrière la jupe de leur mère riant de leurs hardiesse, je reste toujours ébahie devant le spectacle de la charcuterie avec son étalage de viande fraiche, le charcutier aux vêtements tachés de sang et les mouches qui volent autour, je fait non de la tête aux chauffeurs de taxi qui voudrai m'emmener, je sent l'odeur des beignets, des samosas et des roties qui sortent de leur huile....

A Pashpadinath, je contourne le Grand Temple hindou autour duquel se pressent de nombreux mendiants dont de nombreux sadhus (homme considéré comme saint par les hindous et qui vit de mendicité). Le marché « religieux » borde un côté du temple. On y trouve tout pour faire une offrande aux dieux hindous: fleurs, coquillages, fils de couleurs, riz....ainsi que les pigments de couleurs rouge, orange ou jaune dont se servent les Gurus pour bénir leurs fidèles d'un point coloré sur le front.

Avec_un_Sadhu.JPG Avec un Sadhu
Sur les derniers mètres, j'observe avec curiosité les rituels effectués par les fameux gurus : Tous assis en tailleurs le long du mur entourant le Temple, ils ont à leur pied des petits récipients contenant le précieux pigments, des fils de couleur, un tapis pour faire assoir ou agenouillé le fidèle, parfois un gros livre qui ressemble à un grimoire de conte de fée, des bâtons d'encens... J'ai l'impression d'être dans un monde de magie!

Enfin, je franchit les murs de l'ashram où la Puja donne à chaque début de journée un air de fête!

samedi 17 juillet 2010

Le Népal (à partir du 07 juin)

Cela fait déjà bien un mois que nous avons atteint le but principal de notre périple: le Népal !
Et Jeremy est bien plus assidu que moi avec ses « Chroniques Népalaises »....

L'installation à la Dragon Guest house, la découverte de notre nouveau lieu de vie Boudanath, l'intégration à de la clinique Sheshen pour Jeremy, une angine carabinée, la recherche d'association, l'apprentissage du népalais, et enfin le déménagement dans un nouvel appartement, sont autant d'excuses à mon énorme retard !

En effet, nos emplois du temps sont pas mal chargés... Mais commençons du début!

Nous sommes donc arrivée à Kathmandou par un bus de nuit. Ce fut encore une nuit mémorable: nous avons eu le droit au film à l'eau de rose népalais (les images sont assez explicites pour comprendre le film sans les paroles !), le voisin qui crache dans l'allée, la route chaotique, la pause-pipi 20 minutes après le départ (étant déjà partie avec 1h1/2 de retard !), le choix entre la chaleur étouffante du car ou la fenêtre ouverte qui vous envoie aussi toute la poussière de la route, etc...
Belle expérience dont le souvenir s'est accroché à moi les 10 jours suivants sous la forme d'une belle angine ( ayant passé le voyage près de la fenêtre !)

Nous arrivons donc à Kathmandou bien fatigués, prenons un taxi qui nous emmène droit à l' hôtel préalablement choisi dans le Lonely Planet. La « yellow guest house » est un petit hôtel tenu par un couple franco-népalais. Un magnifique jardin, une belle chambre avec balcon, un petit restaurant... Nous sommes séduits. Fourbus, nous nous posons sur une petite table dehors et commandons un petit déjeuner. C'est alors que Jeremy se réveille et me demande:

- Mais où est mon sac rouge?

- Je sais pas...

- Et M..., on l'a oublié dans le car!

....

- heu, il y avait quoi dans ce sac ?

...

- L'ordi, mes lunettes, et...oh non, mon carnet de citation!!!!

L'ordi, Jeremy, il s'en fiche, mais son carnet de citation, c'est un drame....

Nous sommes chanceux, car nous avions réservé le bus dans une agence, ce qui fait que nous avions un numéro de téléphone ! Jeremy appelle, revient en courant, me prend la carte bleu et fille vers un taxi. Le bus est stationné quelque part dans Kathmandou, avec un peu de chance notre sac y sera encore.
20 minutes plus tard, Jeremy est de retour... sac en main avec tout dedans: un vrai coup de bol !

Après ces émotions, nous allons faire un tour, Jeremy tente de reconnaitre les endroits où il est passé 3 ans auparavant. Mais il semble que Kathmandou ai beaucoup changé et il ne retrouve pas les même images que dans ses souvenirs. Nous sommes dans le quartier Thamel, le quartier touristique. Ce n'est que des magasins à touristes et des restaurant super chic et cher (pour ici!)! Les rues sont propres et entretenues! Mais si on s'éloigne un peu de ce quartier on retrouve le charme népalais avec ses rickshows, ses vendeurs de rue, les voitures, les motos, le bruit, les bazars...!
Après 3 jours à Thamel, nous partons pour Boudanath où nous sommes attendus.

Boudanath est un lieu de pélérinage bouddhiste. Bien que rattrapé par la banlieue de Kathmandou, c'est un lieu qui reste encore calme, sans voiture (mais malheureusement quelques motos...) et emplis de spiritualité. Il y a un nombre fou de monastères, ainsi la couleur orange des robes monastiques égayent les rues à toute heure de la journée.
Nous nous sentons tout de suite bien. La Dragon guest house est agréable, située à 5 min de la clinique sheshen. Il y a un jardin avec des tables pour manger dehors, notre chambre est spacieuse et lumineuse, donnant sur le monastère sheshen qui vous en met plein les yeux tellement il est coloré !

La place aux pigeons de Boudhanath La place aux Pigeons

La stupa de Boudhanath La stupa de Boudhanath

Jeremy commence le lendemain mais afin d'annoncer son arrivée, il va se présenter au manager et à l'équipe.
A partir de là, reprend pour nous des journées un peu plus rythmées avec beaucoup moins de temps pour nous : les vacances sont terminées !

De mon côté, c'est la recherche d'association qui s'impose. Quand on cherche, on voit qu'il n'en manque pas. De grandes ONG comme de petites associations, s'occupant d'enfants, de handicapés, de personnes âgées, de problèmes sanitaires ou environnementales... Le travail ne manque pas quand on veut se rendre utile!
Mais je suis difficile... Je cherche une association pas trop loin de là où nous vivons. Très vite j'apprends que les sœurs de Mère Thérésa œuvrent à 30 min de marche de Boudhanath. Une rapide entrevue et c'est bon, je viens quand je veux. Le principe des sœurs est d'accueillir toutes les personnes de bonne volonté qui viennent pour 1 jours ou pour 1 an ! On ne nous demande rien, pas de justification, ni de CV, ni de lettre de motivation, ni de pourquoi...
Je les suit. Nous entrons dans la cour intérieur d'un vieux temple. Sur notre droite, juste à l'entrée, un groupe de personnes âgées célèbre la Pujha, rite hindou composé de musique et de chant: c'est très beau, elles sont tout sourire.

Nous continuons et croisons des personnes âgées un peu partout. Les « Namaste » (bonjour népalais) accompagnés de la révérence au mains jointes, fusent de partout et ils nous faut répondre de la même façon en s'adressant à chaque personne. Après une petite prière avec les sœurs, nous nous avançons un peu plus loin, traversons une 2ème entrée derrière laquelle se trouve une seconde cour. Là, se trouvent les personnes les plus dépendantes. C'est auprès de celles-ci que nous venons apporter de l'aide. Elles sont une trentaine. Quand nous arrivons, elles sont toutes installées dehors. Certaines assises à même le sol, d'autre attablées à une long table qui fait un peu cantine, d'autres sur des chaises de plastique. La sœur ne me présente pas....

Nous entrons dans une salle, le dortoir des femmes. Le sol est bétonné, il fait très sombre. Au fond, sur un lit, une dame toute tremblante. La sœur me la présente: elle est atteinte de Parkinson. Elle demande à aller aux toilettes. Là, je découvre la dure réalité du soin sans moyen. Les sanitaires sont deux minuscules pièce en béton; dans l'une des toilettes à la turc et dans l'autre un grand bac d'eau faisant office de douche. Je ne vous raconte donc pas quelle galère c'est d'emmener une dame dont les jambes la tiennent à peine au dessus des toilettes turcs, sachant que ça glisse et que, évidemment, la dame est pieds nus...
Bref, nous passons ensuite à la douche. Nous l'asseyons directement par terre faute de chaise...Là, la sœur m'abandonne sans trop que je sache pourquoi. Je me retrouve seule, sans rien pour faire la toilette (savon, gants, serviettes...) et dans l'impossibilité de communiquer avec la dame ! J'attends que la sœur revienne mais elle ne revient pas et c'est Sabina, l'unique employée népalaise, qui vient à ma rescousse.
La douche consiste donc a renverser des seau d'eau sur la tête de la patiente, la frotter énergiquement au savon, encore quelques seaux d'eau et on peut passer à l'essuyage... Un vrai choc pour moi qui arrive avec toutes mes théorie occidentales du respect et du confort de la personne ! J'apprendrai plus tard que normalement les toilettes ne se font que le mardi pour les hommes et le vendredi pour les femmes. N'ayant qu'une salle de bain, j'observerai alors les toilettes à la chaine: chaque résident atteint son tour sur un banc, une personne les lave, une autre les essuie et les habille.

C'est rapide et efficace. Mais je suis désappointée.



Je suis ensuite mise au ménage: nettoyage des lits (savonner chaque alèse en plastique et rincer puis refaire le lit), puis du sol (balayage, frottage avec une brosse puis serpillère). Puis c'est la lessive. Tous le linge est mis dans une très grande bassine d'eau et j'ai pour mission de mettre les 2 pieds dedans et de patauger autant que je peux afin de bien faire agir la lessive ! Ensuite, nous frottons, essorons, rinçons 1 fois, 2 fois, parfois 3, essorons encore un fois et enfin étendage!
Pendant ce temps, le repas à été servi, et une fois la lessive finie, il faut enchainer avec la vaisselle, lavage des table et du sol !

A 11h30, tout est fini. Je suis éreintée ! J'ai passée presque toute la matinée pliée en 2: pour faire les lits, pour passer le balais (les balais népalais n'ont pas de manche!), frotter la lessive etc....
Il y a du boulot, mais j'ai l'impression d'avoir passé plus de temps à aider au ménage qu'à être avec les personnes. Ce qui me déçoit...

Je passe la semaine qui suit dans ma chambre avec une énorme angine. Durant cette semaine, je me demande si je vais revenir chez les sœurs... J'hésite. J'aurai voulu mettre en pratique mes connaissances en soins infirmiers... Je trouve que l'on ne s'occupe pas beaucoup des gens... Les pratiques sont parfois choquantes... Je ne suis pas tellement pris en compte...etc... Je suis tellement loin de tous ce que j'aurai pu imaginer !
Puis je me dit que ce sera surement les même déceptions ailleurs, que je dois, avant de juger, comprendre la culture dans laquelle je suis, que peut être je pourrai apporter un petit quelque chose aussi. Ces personnes âgées que je n'avait vu qu'une fois, j'avais quand même envie de les revoir. Je reviens donc le vendredi suivant. Cette fois, nous sommes 20 volontaires ! Un groupe de jeunes américains est venu aider en masse !

C'est le jour des toilettes. Je participe, choquée, aux toilettes à la chaine. Parfois je n'ai pas le temps de finir d'habiller la personne que quelque veux déjà l'emmener dehors....
Tout cela me semble rapide et brutal...

J'ai pu observer à plusieurs reprises, entre népalais, une façon d'être les uns envers les autres qui m'interroge beaucoup et que je ne comprend pas... Le ton monte, les mains se soulèvent, on se secoue, on se crie dessus, parfois on y va à coup de bâton... Je ne comprends pas ce qu'il se passe mais la scène m'interroge : violence ? Cela ne semble pas l'être aux yeux des spectateurs qui rient du spectacle ! Personne ne semble être prêt à me donner la traduction de ce qui est en train de se dire, malgré ma demande... Il est alors très dur de ne pas interpréter ce qui se passe sous nos yeux sans nos préjugés, et je me répète « comprendre avant de juger ! ».

A ma demande de vouloir faire aussi autre chose que du ménage, on me propose de faire des massages aux personnes qui ont des problèmes articulaire ou musculaire: Parkinson, hémiplégie, arthrose...
Ainsi, désormais, je passe chaque jour, la moitié du temps à aider pour le ménage et l'autre à faire des massages qui semblent très appréciés. J'ai apporté une crème hydratante et fait parfois un petit plus en massant le visage!

Entre temps, Jeremy ayant conversé avec la manager et la cadre de son service, il m'a été proposé par la clinique Sheshen de faire des animations l'après-midi auprès des patients de l'hospice.
Ainsi, je passe le lundi, mardi et vendredi après midi à la clinique.

J'apprécie aussi ce temps là durant lequel je découvre l'univers de Jeremy, fait connaissance avec ses collègues et les patients dont il s'occupe. Un lien particulier se crée au fil des rencontres, bien que la communication verbale est quasi impossible, le travail autour de bricolage, les ballades que l'on fait ensembles, les massages que je proposes sont autant façon pour apprendre à se connaître. Je commence à avoir 3 habitués: Danou, Santhan et Dori, Chacun se trouvant à un stade différent de la vie puisque Dori a 101 ans, Danou la trentaine et Santhan 6 ans! Mais ces trois-là forment un joyeux groupe!

Temps d'animation clinique Sheshen Temps d'animation à la clinique

Jeremy et Sudhan le plus jeune patient de la clinique Jérémy et Sudhan (le plus jeune patient de la clinique)

Enfin j'alterne mes soirées entre cours d'anglais et cours de népalais. Je donne les premiers et suit les seconds !
C'est le manager népalais de la clinique qui a créé un orphelinat pour les enfants des patients hospitalisés à l'hospice, qui m'a demandé de les aider en anglais. Je n'ai que 8 enfants de 6 à 18 ans, mais tous ne participent pas à chaque fois. En réalité, je ne donne pas vraiment des cours mais répond plus aux questions ou aide à comprendre un point de grammaire: très bon exercice pour moi aussi car ça m'aide aussi à améliorer mon anglais !

Quand au népalais, nous avons un prof particulier : Milan ! Souriant, pédagogue, enseignant de métiers mais aussi étudiant en sociologie, nous apprenons avec lui autant la langue que la culture népalaise!
Il me semble avoir résumé beaucoup de choses et fait l'impasse sur de nombreux moments mémorables mais mon retard considérable m'oblige à être concise pour cette fois.
Je ferai de mon mieux pour écrire plus régulièrement afin de partager un peu plus en direct avec vous les meilleurs moments passés ici !

Eugénie