Quel joli mot que ce « namaste » qui résonne comme un chant, s'accompagne d'un sourire et d'une joyeuse révérence aux mains jointes. Je ne me lasse pas de le répéter et de l'entendre. La communication verbal étant très limitée avec les népalais non anglophone, nous y mettons donc beaucoup de sens.
Jeremy et moi continuons doucement à nous fondre dans la culture népalaise et nous nous y plaisons! Nos journées sont sensiblement les mêmes, répétitives et uniques à la fois!
Jeremy passe la plus grande partie de ses journées à la clinique. Je ne vais pas m'étaler sur ses activités vu que vous avez accès à ses « chroniques népalaises » dans lesquelles vous aurez toutes ses réflexions !
Quant à moi, je passe actuellement par toutes sorte de questionnements...
Pour commencer, beaucoup de remises en question et de doutes sur l'utilité de mon travail chez les soeurs. Jusqu'ici, j'y allais tous les matins sauf le jeudi. Mais en 6 semaines j'ai cette grande impression de stagner. En effet, peu d'échange chez les soeurs avec un roulement de volontaires quasi-constant qui empêche la mise en place de projet ou tout au moins d'une certaine organisation, des habitudes qui semblent encrées et des pratiques qui me troublent sans que je puisse m'exprimer dessus avec qui que ce soit sur place...En plus de cela, je me sent très frustrée dans mon rôle d'infirmière car je suis rarement associée pour tout ce qui concerne les soins de plaies ou les médicaments...
Bref face à ces observations, Jeremy me donne l'idée de proposer des séances de formations en coopération avec la clinique Sheshen : des aides-soignantes viendraient former Sabina, l'unique employée, et l'on pourrait aussi donner une petite formation en soins infirmier au soeurs (gestion des traitements, soin des plaies, règles d'hygiène) car bien souvent elles apprennent sur le tas....
J'en parle avec Dany, la manager de la clinique, qui trouve l'idée pas mauvaise du tout. Nous pensons même à trouver l'argent pour investir dans une machine à laver ce qui laisserai plus de temps aux soeurs de prendre soin et d'améliorer le confort des résidents.
Il me reste à convaincre la soeur....Malheureusement là, je fait fasse un mur. Les machines à laver sont interdites chez les soeurs, beaucoup leur ont déjà proposer mais elles ont pas le droit. Pourquoi? Je ne comprend pas très bien ses explications. Quand à une éventuelle coopération avec la clinique Sheschen, ça n'est pas possible.
Voilà.
Je me sens envahie de colère et de tristesse.
Que faire, je ne sais pas encore. Aller voire la supérieur? La soeur à qui je parle me dit que la supérieur tout comme elle ne peut accepter mon idée....
Depuis, j'ai ralenti le rythme, je ne suis pas là pour faire la lessive alors qu'on pourrai s'en passer. Je suis là pour les gens eux mêmes...
Évidemment tout cela fait réfléchir sur l'idée que l'on peut avoir de l'humanitaire! Et bien trop souvent on vient avec l'idée d'être utile. Idée qu'il me faut oublier dès à présent.
Certes nous pouvons apporter quelques chose si l'occasion se présente à nous mais surtout ne pas chercher à se rendre utile coût que coût! Voilà ma nouvelle découverte! Désormais je vais apprendre à travailler sans but précis, sans mission particulière mais juste travailler pour le moment présent. Voire et vivre l'intensité d'un regard, d'une caresse ou d'un sourire. J'adore les moments où pour me remercier d'un aide quelconque, on me prend les mains et les portent à son front. C'est comme un sorte de bénédiction, ça dure 3 secondes mais là est le véritable échange!
Ainsi, je me suis mis à la recherche de ses moments là et bien que parfois ce ne soit pas facile car on est tentée de regardé vers le futur, vers le « et après », j'y retrouve la raison de ma présence ici.
En parallèle, je continue mes activités à la clinique Sheschen où pour le coup je me fait toujours plaisir. J'ai juste du ralentir le rythme car 3 après midi par semaine ne me laissait pas vraiment le temps de bien préparer mes activités et j'avais aussi peur de lasser les patients qui sont déjà bien souvent fatigués par la maladie. Néanmoins, ils sont toujours intéressés et curieux de ce que je ramène. Je leurs ai fait découvrir les petits sablés que nous avons cuisiné ensemble , nous avons décoré le tableau du dieu Shiva à l'aide de guirlande de fleurs, nous avons peint des pot de verre pour en faire des lampions ou des vases etc....
Enfin, tout cela ne nous empêche pas de prendre aussi du bon temps! Nous rencontrons beaucoup de monde, touriste comme népalais ! Invités un peu partout, nous découvrons les us et coutumes du pays, et apprenons à cuisiner les spécialités du coin: momo, samosas, chapatis....
Nous somme aussi partis samedi dernier pour Kakani, un village qui se trouve à une trentaine de km de kathmandou. Nous sommes partis avec Dany et Passang, un de ses amis sherpas (On appelle Sherpa, le peuple qui vit dans les montagnes et dont la culture est plus tibétaine que népalaise). Partis à 2 heure de l'après midi, nous arrivons après 3 heures de Bus et 1 heure de marche au fameux village. La déception nous y attend. Nous arrivons sous la pluie, les maisons sont délabrées, et sans charme! En plus, une bande de jeunes est venu pic-niquer, prenant toutes les places dans les hôtels, salissant tout sur leur passage et roulant à fond avec leur motos...Nous qui cherchions le calme, l'air pur des montagnes, voilà qui nous fait un peu râler!
Après avoir fait tous les hôtels, nous décidons pour le « moins pire »! Finalement, nous seront récompensé, car le lendemain matin, le réveil sur les montagnes est d'une grande beauté. Bien que la saison ne nous permette pas d'apercevoir les chaine de l'Himmaya, nous dominons une mer de nuage qui nous laisse émerveillés! Nous revenons à pied en traversant le parc national Shivapuri. Grâce à Passang, un vrai sherpa (guide dans l'âme), nous ne nous perdons pas dans cette véritable jungle. Le soleil est au rendez-vous et la ballade de 3 heures est un vrai bonheur! Un seul point noir: les sangsues !
La mer de nuages au petit matin
Randonnée dans le parc Shivapuri
Nous avons de nouveaux colocataires avec qui nous nous entendons très bien: Shay et Shirine sont tout 2 irlandais, elle travaille en tant que volontaire dans l'association française Pomme-Cannelle qui s'occupe des enfants des rues, elle est adepte de yoga et très intéressée par l'enseignement bouddhiste, lui est un passionné de l'agriculture, il fait donc des séjours dans les fermes alentours, sélectionnant les fermes « bio » afin d'aider mais aussi apprendre les techniques du coin.
Et pour terminer, un petit récit sur ma ballade quotidienne vers Pashupadinath, ballade qui ne manque pas de charme!
Le chemin de Pashupadinath
C'est après un super petit déjeuner composé de délicieux fruits de saison, que j'enchaine avec ma marche quotidienne de 40 minutes vers Pashupadinath. A 8 heure, la ville est déjà réveillée depuis longtemps, les marchands ont ouvert leur petite boutique sombre et pleine de bric à brac divers et variés, les mendiants dont les visages commencent à m'être familier sont là au rendez-vous. Un moine bouddhiste assis en tailleur non loin de la stupa récite d'une voie monotone et continue des prières sans fin.
Après être sortie de Boudhanth, je traverse la grande route à mes risques et périls, et prends un chemin de terre qui traverse la banlieue de Kathmandou et me mène à Pashupadinath.
Sur ce chemin, taudis et belles maisons se côtoient. Je suis sur un bout de chemin les enfants en uniforme qui se dirigent vers l'école, je répond aux « hello » des petits bout de choux au joues sales et aux cheveux ébouriffés qui se cachent derrière la jupe de leur mère riant de leurs hardiesse, je reste toujours ébahie devant le spectacle de la charcuterie avec son étalage de viande fraiche, le charcutier aux vêtements tachés de sang et les mouches qui volent autour, je fait non de la tête aux chauffeurs de taxi qui voudrai m'emmener, je sent l'odeur des beignets, des samosas et des roties qui sortent de leur huile....
A Pashpadinath, je contourne le Grand Temple hindou autour duquel se pressent de nombreux mendiants dont de nombreux sadhus (homme considéré comme saint par les hindous et qui vit de mendicité). Le marché « religieux » borde un côté du temple. On y trouve tout pour faire une offrande aux dieux hindous: fleurs, coquillages, fils de couleurs, riz....ainsi que les pigments de couleurs rouge, orange ou jaune dont se servent les Gurus pour bénir leurs fidèles d'un point coloré sur le front.
Avec un Sadhu
Sur les derniers mètres, j'observe avec curiosité les rituels effectués par les fameux gurus : Tous assis en tailleurs le long du mur entourant le Temple, ils ont à leur pied des petits récipients contenant le précieux pigments, des fils de couleur, un tapis pour faire assoir ou agenouillé le fidèle, parfois un gros livre qui ressemble à un grimoire de conte de fée, des bâtons d'encens... J'ai l'impression d'être dans un monde de magie!
Enfin, je franchit les murs de l'ashram où la Puja donne à chaque début de journée un air de fête!